31 January, 2012



Le Chant de la Tortue

Tu es seul et stupéfait - est-ce l'ombre d'un peuplier qui se détache
devant toi ou bien un séisme a-t-il lézardé ton sommeil?
Les blessures en ce monde ne se remplissent pas de terre,
tu l'as compris; et déjà tu sais où est le temps disparu.

Dans les montagnes sauvages d'Orphée,
le coucher du soleil est un cadavre nu
dépecé... Et le soleil dans le noir murmure
avec la bouche du poète: La vie, toujours la vie!

Es-tu heureux? La vie continue; simple et familière
elle ne t'inquiète pas. Et la cruelle question -
celle du temps! - ne te préoccupe point ...

La terre saigne encore, elle saigne de partout.
C'est elle le maudit tonneau mythique
et nous - les Danaïdes, hélas!

~ ~ Kiril Kadiiski

 From: Alter Ego: Poems, Editions Nov Zlatorog, 2009.




The Song of the Tortoise

You are alone in a stupor - has the poplar ahead of you
lost its shadow or did an earthquake shatter your snooze?
The cracks in this world are not filled with earth;
you understand that, and also you know where time vanishes.

In the wild Orpheus mountains
the setting sun is a naked, dismembered
corpse... and in the dark, the sun murmurs
in the poet's own voice:  Life, always life!

Are you happy?  Life moves on, straightforward and familiar.
It doesn't worry you.  That cruel question
of time - never crosses your mind ...

The earth still bleeds from  every pore.
She, the damned, mythical barrel,
and we, alas, the Danaides!

~ ~ Kiril Kadiiski

Translated by Ann Diamond
From: Alter Ego: Poems, Editions Nov Zlatorog, 2009.